Elle explore l’invisible. Elle le traque dans l’infiniment petit de la matière et dans l’immensité du cosmos. Elle est fascinée par la vertigineuse résonnance qu’elle découvre à son tour entre le microcosme et le macrocosme. A son tour, oui, car elle prolonge et renouvelle l’interrogation de l’humanité sur le monde secret de la matière primordiale, sur les espaces infinis du cosmos. Elle convoque dans son œuvre le théâtre furtif et impénétrable des origines et peut-être des fins dernières.
Elle travaille avec la matière, les instruments et les gestes qui se rapprochent peut-être le plus de ce qui permit la création du monde : l’eau avec une peinture acrylique très diluée, la gravitation en inclinant sa toile pour que la peinture s’écoule et trouve ses formes , la chaleur pour que l’œuvre naisse à travers l’évaporation sous un lent séchage, un pinceau chinois qui a la capacité de s’imbiber de beaucoup de liquide et incarne au final la touche de l’artiste.
Cette technique avec ses opportunités naturelles et ses contraintes la fait avancer dans son exploration, sa quête, et aussi son intuition qui lui permet de découvrir à nouveau les prodiges du commencement des temps et du Big Bang et de notre destin de poussière d’étoiles. Et c’est là que se révèle le récit subtil de l’artiste. Il y a quelque chose de l’ordre du vertige quantique devant l’infiniment petit de la matière qui fait écho à l’infiniment grand du cosmos. C’est toute la modernité de l’œuvre d’Yvonne Behnke.